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Analyse des Jeux Olympiques, partie 1

Publié par Vincent Aucoin sur 23 Décembre 2014, 21:10pm

UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

Portfolio

Présenté à

Martin Lussier

COM5030- Gr 40

Par

Vincent Aucoin

30 octobre 2014

Les Jeux Olympiques : La culture de la domination

Cours 2 : Communication, culture… et culture populaire

Du pain et des jeux. Ce précepte serait attribué à un poète romain et il a inspiré les plus grands conquérants tels que Jules César. Donnez-leurs du pain, disait-il, afin qu’ils oublient leur faim. Donnez-leurs des jeux, disait-il, pour qu’ils oublient la misère dans laquelle ils vivent. Les Jeux Olympiques (JO) remontent à la Grèce antique et s’inspire au départ des combats de gladiateurs, dignes de se battre au nom du souverain sur le sentier de la guerre, combattants dans l’arène les traîtres, les bannis, les condamnés et parfois même des bêtes sauvages. Bien que cruel, cela demeure un concept destiné à devenir l’une des plus grandes machines économique, politique et sociale que connaîtrait l’espèce humaine : « … les institutions de communications ont, dans nos sociétés modernes, une taille et une importance qui, inévitablement, en font des acteurs du social et du politique mais aussi, de plus en plus, de l’économique.»1 Il fallut attendre en 1894 pour voir Pierre de Coubertin réaliser cette affirmation en institutionnalisant les Jeux Olympiques. Il créa le Comité internationale olympique (CIO) et les premiers JO modernes eurent lieu en 1896. Ce fut le début d’une nouvelle Culture comprenant différentes sous-cultures.

Notamment, la culture socio-économique : les Jeux Olympiques sont une forme d’art et d’investissement commercial visant le divertissement. De plus, recèlent-ils une intention lucrative pour plaire à un large public? Si lors de leur apparition ce n’était pas le cas, cela l’est bel et bien aujourd’hui. Démocratisés par la télévision, ils se sont tranquillement moulés dans les rythes, les croyances, les habitudes et même les valeurs de la masse populaire. Dès leur plus jeune âge, des enfants sont évaluer selon leurs aptitudes et on tente rapidement de déterminer lesquels pourraient prétendre à de grands accomplissements sportifs. Les rythes, ce sont ces « élus » qui deviennent tranquillement en murissant des produits de consommations. La société vise à créer des Sidney Crosby pour vendre des chandails, associer les noms à des marques, bref, à tirer profit de l’image que renvoie l’athlète professionnel. Ces croyances, ce sont que le sport tout comme la compétition sont bénéfiques d’un point de vue philanthropique. Les habitudes et les valeurs de la masse consistent à encourager ce procédé et percevoir les succès des athlètes olympiques comme les notre, puisque c’est au nom de notre pays commun qu’il remporte les médailles. La société contemporaine, par le développement d’athlètes extraordinaire, s’octroi d’une aura de puissance qui transparaît dans ses succès olympique.

Les JO entrent également dans la définition d’une culture socio-politique puisqu’ils sont un lieu de luttes, au sens propre bien sûr, mais surtout figuré. Il y a une vive opposition entre le groupe subordonné, soit les athlètes, et le CIO, groupe dirigeant. D’un côté, les subordonnées envoient au combat leur élite selon les différentes catégories (sports) afin de remporter les plus grands honneurs et surtout démontrer leur force et leur honneur. Les dirigeants eux, leurs posent des embûches avec des règlements de compétition et d’inscription par exemple. Le fait d’exercer ce contrôle sur les participants leurs permet également de prouver leur supériorité.

N’oublions pas l’aspect hégémonique des Jeux Olympiques. Sans l’ombre d’un doute, les JO sont une méthode employée par les groupes dirigeants visant à gagner l’accord et la passivité des ouvriers. << Si la plupart des gens appartiennent à la masse, ils sont par définition stupides, instables et influençables. »2

Au final, les Jeux Olympiques sont à l’image du concert de 1991 donné par Pavarotti à Hyde Park. Ils représentent une histoire de noblesse et incidemment ce qui est le mieux en plus d’être un phénomène de masse qui, à chaque édition, bat de nouveaux records de diffusion. C’est pourquoi il faut poser un regard attentif et développé sur les Jeux Olympiques

« … car je pense que nous sommes assez nombreux aujourd’hui à vouloir travailler dans ce sens pour survivre aux intérêts particuliers, au découragement général, à l’inertie et au conformisme d’une certaine idée de la culture contemporaine ; survivre en fait pour annoncer une conspiration à visage découvert : par une nouvelle approche, par l’essai et l’erreur mais toujours ouvertement et publiquement, nous accomplirons ce travail parce qu’il doit être accompli. »3

Cours 3 : Politique de la langue

La politique de la langue vis-à-vis des Jeux Olympiques et très intéressante à aborder. Considérons d’abord les JO comme un ensemble de collectivités, au sens des sports pratiqués. Il y a les sports collectifs comme le hockey et le soccer, les sports de combat comme la boxe et le judo ainsi que des sports individuels comme le tennis, la gymnastique ou l’haltérophilie. Ce sont tous des sports construit de différentes façon et qui se pratiquent, s’articulent devrais-je dire, à travers différents langages. Problématisé par Saussure, il est possible de dire que le langage regroupe ce que notre esprit souhaite partager : les sons, l’articulation, des idées ou des systèmes… en somme, le langage vise à décortiquer notre environnement de façon à pouvoir s’y situer. Selon cette optique, il est possible d’observer le comportement et le fonctionnement du CIO. Il s’est construit une Charte olympique afin de détailler ne serait-ce que les règlements et coutumes d’usage. Le meilleur exemple appuyant cette affirmation est sans nul doute la devise olympique, prononcé pour la première fois en 1891 par le Père dominicain Henry Martin Dion et s’articule en latin Citius, Altius, Fortius, ce qui signifie ‘’plus vite, plus haut, plus fort’’. Ce précepte des Jeux Olympiques figure d’ailleurs sur le drapeau olympique ainsi qu’au règlement 14 de la Charte olympique. Son signifié (représentation d’une idée) est de ce fait, très puissant. Son signifiant quant à lui s’élargit à plusieurs exemples. On pourrait même poser comme argument que tout record du monde représente l’apogée de ce signifié presque philosophique. Nous constatons à priori un sentiment psychique : Les athlètes doivent toujours repousser leurs limites. Subséquemment, naît la matérialisation physique : Citius, Altius, Fortius.

Toutefois, une question se pose : Quelle est la valeur réelle de ces signes ? Découlant d’une définition arbitraire et d’une construction sociale, il n’y a pas qu’une réponse envisageable. Tout est relatif, puisque l’important n’est pas le contenu mais la liaison arbitraire tirée d’une convention. Au hockey, un terme souvent employé est ‘’deek’’. Dans un match, il prend tout son sens. Il signifie l’intention d’appliquer une feinte pour déjouer un adversaire. Placez dorénavant ce même mot dans un combat de boxe. ‘’Deek’’ signifie encore une fois de feinter, mais cette dans le but d’éviter les coups portés par son opposant. Même signification, différente application. Dit hors contexte, par exemple par un enseignant qui donne un cours, le mot perd de sa valeur car la valeur d’un signe ne lui est donnée que dans sa relation avec les autres au sein d’un système particulier.

« C’est dans le processus de constitution de l’État que se créent les conditions de la constitution d’un marché linguistique unifié et dominé par la langue officielle : obligatoire dans les occasions officielles et dans les espaces officiels (…) cette langue d’État devient la norme théorique à laquelle toutes les pratiques linguistiques sont objectivement mesurées. »4

Cela concorde avec le rapport langue/parole exposé par Saussure. Il est question de séparer le social de l’individu et l’essentiel du superficiel pour étudier la langue en elle-même et éviter de transformer le produit d’une communication en simple bruit. (Saussure, cours 3, p.p.p. 7) De plus, nous pouvons identifier le CIO espace au sein duquel s’opèrent les sports pratiqués au cours des JO. Afin de s’assurer le monopole du langage sportif lors des JO, le CIO mise sur « L’intégration dans une même « communauté linguistique», qui est un produit de la domination politique sans cesse reproduit par des institutions capables d’imposer la reconnaissance universelle de la langue dominante… »5

Cette citation d’une langue standard dite normalisée exprime le procédé par lequel le langage des différents systèmes indépendants (les sports) est apposé par la domination politique (CIO) et comment celle-ci en fait une norme qui serait appliqué par la reconnaissance universelle (les médias). Nous devons cependant pousser plus loin l’analyse de la langue standard puisque dans le contexte des Jeux Olympiques, trois langues en sont les langues officielles soit le français, l’anglais et la langue du pays hôte. Nous devons ainsi poser une définition correspondant à cette réalité. Il y aurait pour ainsi dire une convention qui voudrait que la communauté linguistique est assujettie à des modifications découlant de facteurs indépendants à elle. La langue standard devient le résultat de décision politique.

Cours 4 : Hégémonie et représentation

Quelle est la véritable nécessité des Jeux Olympiques? Considérons les milliards de dollars investis, ne serait-ce qu’à l’ère du XXIe siècle. Le résultat recèle déjà une facette astronomique. Pourquoi y consacrer autant d’importance? La réponse se cache peut-être dans le concept d’hégémonie ou à tout de moins dans son sous-concept d’idéologie. Il faut approcher les Jeux Olympiques comme classe dominante hégémonique, non comme un facteur de l’hégémonie qui règle notre mode de vie. Par la stratégie de l’autorité sociale totale, la classe dominante, soit les J.O., est en mesure de garder la classe subordonnée, les athlètes, passive et loin de la rébellion. À titre de preuve, l’extrait suivant :

« La reproduction de la force de travail à travers le salaire requiert la famille ; la reproduction des techniques et des compétences avancées requiert le système éducatif; la « reproduction de la soumission à l’idéologie dominante » requiert les institutions culturelles, l’Église et les médias de masse, les appareils politiques et la gestion générale de l’État, lequel, dans le capitalisme avancé, entraîne sur son propre terrain l’ensemble des appareils non productifs. »6

Considérer les Jeux Olympiques comme instance hégémonique nous permet de mieux répondre aux enjeux énoncés ci-haut. Par exemple, que ce serait les J.O. sans l’implication promotionnelle des médias de masse? L’envergure de l’événement serait beaucoup moins significative. De plus, les appareils politiques contribuent à l’essor des J.O. en encourageant dans leurs programmes éducatifs et culturels le développement de nouveaux prodiges afin que perdure la tradition du Citius, Altius, Fortius. Au sein des J.O., la famille olympique et le système éducatif sont tous deux représenté par le CIO qui veille à ce qu’il n’y ait pas de mouton noir qui pourrait venir ébranler la tradition olympique. Et lorsque l’on étudie les appareils non productifs, il est possible d’affirmer qu’ils sont indirectement liés aux JO. Par exemple, lorsque des Jeux Olympiques ont lieu à Londres, les touristes y accourent et les commerces font des affaires fleurissantes en vertu de la présence de l’instance hégémonique dominante qui s’installe à proximité.

Il faut également comprendre que l’hégémonie se base sur des représentations historiquement construites et vise à affermir une poigne déjà bien solide sur la conscience de tout individu inséré socialement. La réalité que nous côtoyons à chaque jour de notre vie, n’est en fait qu’une conception d’idéologies produites par les significations que proposent -et que nous avalons sans broncher- les médias de masse. Ainsi, les Jeux Olympiques ne seraient qu’une mise en scène résultant d’enjeux sociaux. « Ce qui constitue alors le caractère « dominateur » de ces significations, ce qui constitue ces pratiques dominantes, ce sont les mécanismes permettant de sélectionner, d’incorporer et donc d’exclure certains éléments dans « tout l’éventail de la pratique humaine»… » (Hall, 1977) Les Jeux Olympiques représentent pour cette raison le rapport de pouvoir foncier entre la main d’œuvres et la direction. Le stratège est de faire miroiter une réalité qui n’est qu’en partie vrai. C’est pourquoi le CIO accorde un droit de parole à ces athlètes et fait mine de prendre leurs propos en considération lors de conflits, par exemple lors du scandale de corruption des Jeux de Sydney en l’an 2000. Cela démontre que « Dans l’idéologie est donc représenté non pas le système des rapports réels qui gouvernent l’existence des individus, mais le rapport imaginaire de ces individus aux rapports réels dans lesquels ils vivent. » (Hall, 1977) Par conséquent, au sein même de son système, les Jeux Olympiques posent un contrôle presque complet sur ses athlètes, sa classe subordonnée. De cette façon, ils s’assurent une longévité au niveau de la tradition et des éditions des Jeux Olympiques. Cela leur permet de présenter un visage rassurant à l’extérieur des frontières de son système. En apparaissant comme un acquis social, un moment de répit, les Jeux Olympiques répondent à un besoin de société et participent à conserver tous les individus dans une idéologie hégémonique.

Cours 5 : Industries culturelles et standardisation

Sombrer dans l’harmonie collective. C’est ce qui se produit lorsqu’on lieu à intervalle régulier les Jeux Olympiques, été comme un hiver. Soudainement, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il n’y a plus de famine, plus de guerre (sauf sur le terrain de soccer, l’aréna de hockey, le stade d’athlétisme…), non plus de pauvreté, de maladie ou d’injustice sociale. Les JO d’hiver présentés à Sotchi en 2014 ont délocalisé des milliers de personnes. Oui, les médias en ont fait mention, pour nous donner bonne conscience que c’était pour le bien de la collectivité. Il est vrai que la Russie est le plus grand pays du monde, mais il fallait que ça ait lieu à Sotchi. Un recoin de pays oublié qu’il fallait ‘’remettre sur la carte’’. Voilà ce que signifie sombrer dans l’harmonie collective.

« L’idée que le monde veut être trompé, est devenue plus vraie qu’elle n’a sans doute jamais prétendu l’être. Non seulement les hommes tombent, comme on dit, dans le panneau, pourvu que cela leur apporte une satisfaction si fugace soit-elle, mais ils souhaitent même cette imposture, tous conscients qu’ils en sont; s’efforcent de fermer les yeux et approuvent dans une sorte de mépris de soi qu’ils subissent et dont ils savent pourquoi on le fabrique. Sans se l’avouer, ils pressentent que leur vie leur devient tout à fait intolérable sitôt qu’ils cessent de s’accrocher à des satisfactions qui, à proprement parler, n’en sont pas. »6

Cette habitude malsaine pourrait s’expliquer selon trois points de l’industrialisation de la culture : L’investissement et la valorisation, la production mécanisée et la division du travail en travail de masse. Les Jeux Olympiques sont une culture qui transcende les frontières. Toutes les nationalités se rassemblent sous le joug des anneaux olympiques! Citius, Altius, Fortius. Pour cette raison, l’industrialisation de la culture apparaît comme la solution logique au problème de convergence des cultures. Les JO ne doivent jamais décevoir les attentes et les mœurs culturels de quiconque. Une culture industrialisée vise le plus grand nombre, tend à plaire à la masse et constitue de ce fait le moyen le plus sécuritaire de créer une forme de retour sur l’investissement.

La production mécanisée quant à elle prouve encore une fois qu’une formule gagnante doit être réutilisée. À ne pas confondre avec le phénomène de sérialité qui est un produit des industries culturelles interchangeable. Il est ici davantage question de la longévité des Jeux Olympiques. Comment un événement sportif peut-il traverser aisément le temps et les époques sans faire naître un ennui chez ses spectateurs ? Parce que son industrialisation culturelle mécanise notre besoin d’y assister, mécanise notre volonté d’y prendre part et de s’y sentir partie prenante. La promotion internationale des médias d’aujourd’hui fait en sorte qu’il est difficile de se soustraire à cet événement. Il faut entrer dans un processus d’isolement pour tenter d’y parvenir. D’une façon ou d’une autre, par un produit dérivé, par une production de masse, les JO sont en mesure de s’immiscer dans votre réalité.

Pour accomplir pareil exploit, cela nécessite une division du travail très précise. « L’œuvre n’est pas, dans son entièreté, le fait d’un auteur. » (Lussier, Martin, Notes, 2014) C’est ainsi que les JO ont des spécialistes politiques, environnementaux, sociaux, économiques… La division du travail permet un résultat optimum qui ne créera pas de controverse, permettant ainsi de renouveler cette même œuvre, encore et encore. Par le fait même, le CIO fait son œuvre/produit, quelque chose qui se transforme facilement en marchandise, facilement consommable. Les JO sont en réalité très représentatifs du capitalisme car ils

«… empêche[ nt ] la formation d’individus autonomes indépendants, capables de juger et de se décider consciemment. [ ] Si d’en haut l’on diffame à tort les masses comme masses, c’est justement souvent l’industrie culturelle qui les réduit à cet état de masse qu’elle méprise ensuite et qui les empêche de s’émanciper, ce pourquoi les hommes seraient aussi mûrs que le leur permettent les forces de production de l’époque. »7

BLIOGRAPHIE

Numérotation de 1 à 3 : Williams, Raymond, 1996, « Des communications comme science de la culture », Réseaux, 80, p. 97à106

Numérotation 4 et 5 plus site internet : Bourdieu, Pierre, 2001, « La production et la reproduction de la langue légitime », dans Langage et pouvoir symbolique, Paris : Seuil, p. 67à87

http://franceolympique.com/art/915-devise_olympique.html

Numérotation 6 et 7 : Adorno, Théodor, 1963, « L’industrie culturelle », dans D. Bougnoux (dir.), Sciences de l’information et de la communication. Texte essentiels. Paris : Larousse, p. 66à71

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